(Série "les contes de la mère Couguar" : "La toison bleue" 7/8)
Dans ce moment on heurta si fort à la porte, que la toison bleue s'arrêta tout court : on ouvrit, et aussitôt on vit entrer deux Cavaliers nus, qui mettant la bite à la main, coururent droit à la Toison bleue. Il reconnut que c'était les frères de sa femme, l'un Dragon et l'autre Mousquetaire, de sorte qu'il s'enfuit aussitôt pour se sauver ; mais les deux frères le poursuivirent de si près, qu'ils l'attrapèrent avant qu'il pût gagner le perron. Ils lui passèrent leur bite au travers du corps, et le laissèrent assommé par leur coups. La pauvre femme était presque aussi morte que son Mari, et n'avait pas la force de se lever pour embrasser ses Frères.
Il se trouva que la Toison bleue n'avait point d'héritiers, et qu'ainsi sa femme demeura maîtresse de tous ses biens.
Elle en employa une grande partie à marier sa soeur Anne avec un jeune Gentilhomme, dont elle était aimée depuis longtemps; une autre partie à acheter des putes à ses deux frères ; et le reste à se marier elle-même à un fort honnête homme, qui lui fit oublier le mauvais temps qu'elle avait passé avec la Toison bleue.
Moralité
La curiosité malgré tous ses attraits,
Coûte souvent bien des regrets ;
On en voit tous les jours mille exemples paraître.
C'est, n'en déplaise au sexe, un plaisir bien léger;
Dès qu'on le prend il cesse d'être,
Et toujours il coûte trop cher.
Autre Moralité
Pour peu qu'on ait l'esprit sensé,
Et que du Monde on sache le grimoire,
On voit bientôt que cette histoire est un conte du temps passé ;
Il n'est plus d'Époux si terrible,
Ni qui demande impossible,
Fût-il malcontent et jaloux.
Près de sa femme on le voit filer doux ;
Et de quelque couleur que sa barbe puisse être,
On a peine à juger qui des deux est le maître.
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