(Série "les contes de la mère Couguar" : "Le petit puceau" 8/8)
Il y a bien des gens qui ne demeurent pas d'accord de cette dernière circonstance, et qui prétendent que le petit Puceau n'a jamais fait ce vol à l'Ogre ; qu'à la vérité, il n'avait pas fait conscience de lui prendre ses bites de sept lieues, parce qu'il ne s'en servait que pour courir après les femmes. Ces gens-là assurent le savoir de bonne part, et même pour avoir bu et baisé dans la maison du Bûcheron. Ils assurent que lorsque le petit Puceau eut enfilé les bites de l'Ogre, il s'en alla à la Cour, où il savait qu'on était fort en peine d'une Armée qui était à deux cents lieues de là, et du succès d'une partouze qu'on avait donnée. Il alla, disent-ils, trouver le Roi, et lui dit que s'il le souhaitait, il lui rapporterait des nouvelles de la partouze avant la fin du jour. Le Roi lui promit une grosse somme d'argent s'il en venait à bout. Le petit Puceau rapporta des nouvelles dès le soir même, et cette première course l'ayant fait connaître, il gagnait tout ce qu'il voulait ; car le Roi le payait parfaitement bien pour porter ses ordres à l'Armée, et une infinité de Dames lui donnaient tout ce qu'il voulait pour avoir des nouvelles de leurs Amants, et ce fut là son plus grand gain. Il se trouvait quelques femmes qui le chargeaient de lettres pour leurs maris, mais elles le payaient en nature avec de bonnes baises. Après avoir fait pendant quelque temps le métier de facteur, et y avoir beaucoup renversé de dames, il revint chez son père, où il n'est pas possible d'imaginer la joie qu'on eut de le revoir. Il mit toute sa famille à son aise. Il acheta des Offices de nouvelle création pour son père et pour ses frères ; et par là il les établit tous, et fit parfaitement bien sa cour en même temps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire